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Interview avec le créateur de DonJon Legacy

Après une très bonne première saison, la websérie DonJon Legacy vient de lancer son crowdfunding pour une saison 2. Rencontre avec Guilhem, le créateur de DJL.

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Temps de lecture : 23 min

Après une très bonne première saison, la websérie DonJon Legacy vient de lancer son crowdfunding pour une saison 2. Rencontre avec Guilhem, le créateur de DJL.

Pause Geek : Salut Guilhem, comment t’es venu l’idée de créer DonJon Legacy ?

Guilhem : Je souhaitais créer une série qui soit proche de l'ambiance du vieux jeu vidéo Dungeon Keeper sans toutefois faire une fan fiction. J’aime les contrastes et ça m’amusait tout autant de faire une comédie du côté des méchantes et que de mêler une ambiance dark fantasy souterraine et humour.

Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy
Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy

Quelles ont été les principales difficultés au lancement des préparatifs de la websérie ?

L’argent. Comme je n’avais pas trouvé de producteur pour me suivre, j’avais décidé de lancer ce projet seul avec les indemnités perçues dans un accident de voiture dont j’ai été la victime. Évidemment, cet argent ne pouvait couvrir les coûts humains et bon nombre de dépenses. L’équipe a accepté de bosser bénévolement sur ce tournage dans l’espoir que le projet perdure sous une forme plus professionnelle par la suite. Olivier Ziel, le réalisateur de DonJon Legacy a mis aussi la main au porte-monnaie en post-production. Pour tout le reste des préparatifs, comme on a pris le temps de bien faire les choses (un an pour préparer le tournage entre les costumes, les accessoires, trouver les décors, faire des essais avec les acteurs, le maquillage, créer une association pour tourner en étant assuré, etc.), il n’y a pas eu de stress.

Dans le milieu pro, les scénaristes ont bien souvent besoin d’écrire plusieurs moutures de leur scénario avant de trouver le bon, était-ce ton cas ou savais-tu déjà ce que tu voulais ?

Il y a eu beaucoup de versions différentes. Le tout premier projet s’appelait DonJon Fantasy et présentait une shortcom en 80 épisodes de 3 minutes. Puis, quand je suis passé à DonJon Legacy, j’ai réduit la première saison à 10 épisodes de 7 minutes. Enfin, je suis passé à 10 épisodes de 10 minutes pour m’adapter au marché des digital series qui avait opté pour ce format (ce qui est débile d’ailleurs, car en VOD ou streaming on devrait n’avoir que faire du format). Bref, au final, j’ai aussi écrit un court-métrage préquelle racontant l’histoire de l’arrivée de Jon dans les ruines afin d’essayer d’obtenir une subvention qu’on n’a pas eue et dont le résultat était donné une semaine après la date fixée du tournage. Ce court-métrage est devenu la saison 1 après qu’on ait découpé le bazar au montage pour en faire des épisodes de 2-4 minutes. C’est pour cela que les cliffhangers de chaque fin d’épisodes sont peu intenses pour une shortcom très feuilletonnante : cette saison 1 n’était pas une série. La série commence en fait dans la saison 2.

Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy
Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy

Comment s’est passée la recherche des décors et des costumes ?

Pour les décors, je suis allé voir pour commencer un spécialiste du patrimoine souterrain champardennais afin qu’il me renseigne. Je voulais des décors en mauvais états. Je me suis d’abord tourné vers une cave de champagne sur Reims, mais ils demandaient qu’on tourne avec des surchaussures pour ne pas glisser ^^, donc j’ai estimé que ça n’allait pas le faire. Le plus simple aurait été de tourner sur Reims, j’ai donc contacté la mairie afin qu’on m’indique si des lieux pouvaient correspondre. Ils m’ont proposé les Cryptoportiques un lieu où les bruits extérieurs de klaxons et sirènes auraient été nombreux et qu’il était aussi un peu difficile à occulter. En effet, les variations de lumière sur une journée de tournage causent des problèmes de raccord. Dans la mesure où toutes les scènes sont tournées dans le désordre, il faut garder une luminosité constante. De fil en aiguille, des associations de reconstitution historique m’ont confirmé que le château de Montcornet pourrait convenir. Les caves médiévales étaient enregistrées dans la base de données de lieux de tournage Film France. La ville de Châlons-en-Champagne avait très envie de valoriser ce lieu. Sur tous ces lieux, le problème principal était une faible puissance au niveau des compteurs électriques. Quant aux ruines du Château de Fère en Tardenois, j’avais eu un coup de cœur pour son pont monumental par le passé et je trouvais ça malin de garder un pied dans les Hauts de France pour les aides régionales de Pictanovia, l’agence chargée d’accueillir les tournages. Pour le moment toutefois, nous nous tournons davantage vers la région Grand Est pour solliciter des aides à la production. Car c’est là où j’habite en tant qu’auteur, où se trouvent 90 % de note tournage et d’où nous sommes originaires pour les 2/3 de l’équipe. Pour parvenir à tourner dans des monuments, il faut disposer d’une structure possédant une assurance adéquate. Nous avons donc créé une association et souscrit une assurance. Le reste n’est que coups de téléphone, rencontres et paperasses.

Pour les costumes, un jeu de piste passant par des associations de reconstitution historique m’a conduit à une costumière amateure qui travaillait exactement comme je l’espérais : avec de la récup, du vieux, de l’usé et beaucoup de passion. Je lui ai indiqué de style de costumes que je recherchais, je lui ai compilé des exemples puis elle s’est lancée. Elle a créé entièrement le costume de l’orc et elle a travaillé des bases préexistantes pour les autres, me sollicitant régulièrement sur le choix des textiles, couleur et ajoutant ses petites touches personnelles qui font la qualité des costumes.

Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy
Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy

Concernant le casting, as-tu pris des amis à toi ou as-tu fait appel à des comédiens pros/semi pro ?

Les deux en fait. Deux de mes amis (l’orc Utz et Jon) sont des improvisateurs depuis 10 ans dans des troupes parisiennes et lyonnaises. J’ai écrit les rôles pour eux. Pour les autres on a casté un peu. Ce sont tous des comédiens semi-pro possédant de solides expériences de théâtre, de courts-métrages et même de webfiction. Quant au marionnettiste, c’est son métier. Jamais, nous n’aurions pris des débutants complets ou nous n’aurions joué dedans au risque de gâcher le projet.

Passons au tournage maintenant, quels ont été les difficultés et combien de temps a-t-il durer ?

Elles ont été multiples. Le principal problème a été la distance et le fait qu’en ne dormant pas sur place, on devait remballer le matériel à chaque fois. De là est venue une grosse part de la fatigue. Je pense qu’un endormissement au volant aurait pu se produire, car nous dormions trop peu. À titre personnel, je cumulais trop de postes. En plus de la direction artistique qui consistait à mettre mon nez un peu partout pour que le résultat soit conforme à l’esprit de départ, je m’occupais de la régie, des décors, des accessoires et des rares effets spéciaux mécaniques.

En ce qui te concerne, es-tu dans le milieu de l’audiovisuel ou as-tu simplement eu envie de te lancer dedans ?

Je ne suis pas dans le milieu audiovisuel. Je suis écrivain et enseignant. Je voulais faire des études dans l’audiovisuel et travailler dans ce milieu, mais je n’avais pas le soutien parental pour et je pense que je n’étais pas assez mature lorsque j’étais étudiant pour cumuler études et petits boulots. J’ai choisi la sécurité en me disant que je pourrais y revenir plus tard. En revanche, je suis un passionné d’audiovisuel, mais je me serai sans doute engagé sur la mauvaise voie soit en voulant devenir réalisateur comme tout le monde, soit en me spécialisant trop tôt. C’est vers 23 ans que j’ai compris que ce qui me plaisait par-dessus tout dans les productions audiovisuelles, c’était la scénarisation. Qu’importait ! Dès lors qu’on sait écrire, on peut raconter des histoires. Ce que j’ai fait à 25 ans, j’écrivais mon premier roman. Après vie active et 3 naissances m’ont fait hiberner jusqu’à ce que je retrouve un état de fatigue stable propice à me lancer dans ce projet : 8 ans plus tard, tout de même.

Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy
Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy

Comment as-tu appréhendé le tournage ?

Sereinement. Je faisais confiance à Olivier Ziel pour la partie technique. J’ai juste eu un peu peur pour l’électricité du château de Montcornet à la dernière minute : triphasée ou pas ? Ce ne sont pas les mêmes branchements. J’avais mal fait cette partie du repérage sur ce lieu de tournage.

Quel conseil pourrais-tu donner à quelqu’un qui souhaiterait se lancer ?

Fais-le et donne-toi les moyens de bien le faire. Prends ton temps pour monter ton projet. Ne joue pas dedans si tu ne sais pas jouer et tant pis pour ton égo. Ne réalise pas si tu n’as aucune connaissance technique. À la place, entoure-toi de gens compétents et qui ont l’envie. Tu peux en trouver facilement avec internet. Une œuvre audiovisuelle est un travail collectif. Par ailleurs, ne t’attends pas à ce que ça devienne rentable, un jour et surtout : mets le paquet sur la communication. Sinon, personne ne verra jamais ton projet, même s’il est génialissime… Il ne fera jamais le poids face aux miniatures putaclic et à la chienlit que YouTube s’obstine à mettre en avant sur sa plateforme.

Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy
Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy

Une fois en boîte, avec quel logiciel et combien de temps as-tu mis pour faire le montage ?

L’équipe chargée du montage a utilisé Adobe premiere pro et After effects. Le montage a été notre gros point faible pour plusieurs raisons et on a accumulé les retards. Dès le départ, une personne chargée des effets spéciaux n’a plus donné signe de vie. Olivier s’occupait du montage et a eu du mal à gérer la quantité de boulot en plus de son vrai travail. On a même eu un gros retard entre l’épisode 1 et le 2. On a renforcé l’équipe avec Nicolas Brasseur un ami monteur pro et on s’en est sortis, mais souvent in extremis au niveau des nouveaux délais qu’on s’était imposés. Malheureusement, certains épisodes sont sortis un peu trop à flux tendus. Certes le travail est bon et on en reste fier, mais je pense qu’il aurait pu être meilleur encore. Pour la saison 2, on va essayer de tirer parti de nos erreurs et de progresser dans le processus de post-production.

Comment as-tu fait la musique ? Tu as fait appel à un compositeur ou à des musiques libres de droits ?

À un compositeur talentueux : Antoine Cailliez, qui signe ici sa première bande originale, mais qui œuvre dans le monde de la musique semi-amateur depuis des années et qui est un ami depuis le lycée. Les épisodes de la série sont donc des musiques originales. Il a bossé avec le matos suivant : Logic Pro X, carte Focusrite, claviers Korg, Kurzweil, Novation & sampler Arturia.

Pour quelqu’un qui se lance sur YouTube et internet en général, comment as-tu géré la promotion de ta websérie ? Car c’est devenu de plus en plus difficile de se faire sa place dans le milieu

Très très dur, même. Dès le début, j’avais pris en compte la future promo et on avait recherché des guests-stars pour faire des voix. Le tout premier choix se portait vers John Lang (Naheulbeuk), mais il n’était pas disponible. Et puis, grâce à un intermédiaire, on a rencontré Marcus et Monsieur Phal, qui nous ont aidés dans la promotion de notre projet. Mais entre les limitations de reach de Facebook, Twitter qui est synonyme de « pisser dans un violon », les abonnés YouTube qui ne reçoivent plus les notifications de sorties de vidéo : rien n’est fait pour nous aider. Je me suis improvisé community manager, mais en gardant mon ton, voire en faisant parfois l’inverse de ce que les pros disent de faire (être mielleux, poser des questions ouvertes à la fin de chaque post, faire des titres putaclics). Je me suis aussi improvisé attaché de presse et j’ai envoyé des milliers d’emails et de messages. Je ne sais pas si quiconque peut imaginer les milliers d’heures que j’ai passés sur la promotion. Avec au final, quelques articles tout de même. Au niveau local et régional, on a aussi recherché à obtenir des articles. Trolls et Légendes a été le premier festival à nous inviter. J’ai donc estimé qu’on était mûr pour aller sur des conventions. J’ai essayé de nous incruster partout à nos frais. Idem, j’avais pensé dès l’écriture que les cochons d’Inde tueurs et la marionnette seraient de bons points d’accroches, qu’il nous permettrait de piquer la curiosité des gens. On a été au CAC (corps à corps) auprès du public sur les salons pour présenter DonJon Legacy au risque de passer pour des relous. En gros, un salon entraine une hausse de 60-100 abonnés. On a fait quelques expérimentations de pubs sans grand succès aussi. Et puis, j’ai vu que les jeux-concours fonctionnaient bien sur les réseaux sociaux, alors on a mis en jeu des cochons d’Inde tueurs cosplayés. On a concouru à des festivals internationaux composés de jurys de professionnels audiovisuels qui ont reconnu des qualités à notre projet et nous ont récompensés de 9 prix, après 19 sélections et 14 nominations dans différentes catégories. Ça nous a fait gagner en crédibilité. Au final, c’est du YouTubeur Anthox Colaboy qu’est venu le gros de nos abonnés après qu’il ait parlé de nous en bien. On a aussi noué des partenariats avec d’autres webséries comme nous. Actuellement, on a des partenariats nouveaux. L’un est avec la plateforme BetaSeries. L’autre avec la chaîne NoLife qui nous diffuse désormais et qui entraine beaucoup d’adhésion. Pour conclure, il faut faire feu de tout bois. Ceux qui pensent qu’il suffit d’attendre le buzz attendront longtemps. L’offre est trop importante.

Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy

Quels sont tes meilleurs et tes pires souvenirs sur le tournage de DonJon Legacy ?

Il y en a trop ! Surtout des premiers. Je t’en propose un de chaque.

Mon pire souvenir :

- 4 h du matin. On travaille depuis 17 ou 18 heures. C’est la dernière scène de l’avant-dernier jour. Je commence à être trop fatigué. Le micro de notre perchiste Lucas Rollin se met à grésiller pendant 30 minutes à cause de l’humidité ambiante dans les caves où nous tournions. Je sens poindre le désespoir… Mais il a fini par refonctionner.

Mon meilleur souvenir :

- L’arrivée de la marionnette sur le tournage qui a réveillé l’âme de gosses de toute l’équipe.

As-tu quelques infos à nous donner concernant la saison 2 ?

Maintenant que les personnages sont posés, on va pouvoir jouer avec. La saison 2 sera plus longue. Elle accueillera les anciens guests Marcus et Monsieur Phal sur de vrais rôles et de nouveaux guests (Frédéric Zolfanelli, Lucien Maine, Anthox Colaboy et d’autres) sur des rôles également. Nos méchants héros vont se retrouver dans une merde noire avec la venue programmée d’un puissant paladin. On veut installer trois nouveaux personnages qui deviendront récurrents. Difficile d’en dire plus sans décevoir tant qu’on n’a pas une bonne maitrise des financements. À moins que tous les paliers du crowdfunding soient dépassés dans les semaines qui viennent, il me faudra sans doute réécrire cette saison 2 même si elle est géniale dans sa forme actuelle et que ce sera sans doute un crève-cœur. Toutes les autres infos sont sur la page Ulule :) Allez. Je peux simplement confesser que j’ai fait un choix à propos des cochons d’Inde tueurs qui va surprendre tout le monde. Ce sera révélé vers la fin de notre collecte.

>>> Lien vers le crowdfunding de DonJon Legacy saison 2

Image des coulisses de la saison 1 de DonJon Legacy


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