Tokyo Ghoul : faut-il s'aventurer dans l'univers de Sui Ishida ?

Imaginer votre ville envahie par une horde de monstres sanguinaires appelés Goule que vous détestez et que, par le plus grand des hasards, vous en deveniez une. Comment réagiriez-vous ?

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Temps de lecture : 7 min

Imaginer votre ville envahie par une horde de monstres sanguinaires appelés Goule que vous détestez et que, par le plus grand des hasards, vous en deveniez une. Comment réagiriez-vous ?

Et c’est là la grande question de ce premier tome de Tokyo Ghoul de Sui Ishida qui suit le quotidien de Ken Kaneki, un étudiant de 18 ans qui vît à Tokyo, comme le suggère fortement le titre du manga. Ken est amoureux d’une fille. Il fréquente assidument un café dans lequel elle passe régulièrement pour lire ses romans, chose que Ken adore faire également. D’ailleurs, les deux tourtereaux sont en train de lire le même roman. Et c’est par un heureux hasard que les deux vont se fréquenter et commencer à batifoler. Mais malheureusement pour les deux, ce sera de courte durée puisqu’une nuit, alors que Ken la raccompagne chez elle, il se fait attaquer par l’une de ses Goules que personne de vivant n’a encore vues. Et ce n’est pas les goules de Fallout 4. Non non non. Ces goules là ont la même apparence qu’un humain normalement constitué, mais possède une force supérieure ainsi qu’un pouvoir de guérison quasi instantané. Et Ken n’est pas de taille à affronter sa, ni même à s’enfuir d’ailleurs. En proie de se faire éviscérer vivant, il sera sauvé par ce qui semble être l’écroulement d’un chargement qui tue la Goule sur le coup, empêchant son pouvoir de guérison de fonctionné. Alertés par le bruit, des passants arriveront sur les lieux et découvriront les deux cadavres. Transporté en urgence, Ken se fait transplanter un organe de la Goule décédé (bien entendu, les médecins ne savent pas que c’en est une). À son réveil, le jeune Ken ne sera plus le même homme. La nourriture qu’il ingère a le goût de vomi et le seul aliment qui l’attire le plus c’est la chair humaine. Mais il est hors de question pour lui, désormais mi-homme/mi-goule de faire preuve de cannibalisme. C’est ainsi que commence son long périple.

La nourriture que peux désormais avaler Ken est bien limité
La nourriture que peux désormais avaler Ken est bien limité - © Glénat

Le manga de Sui Ishida est une œuvre très bien écrite et pleine de suspense qui permet aux lecteurs de s’identifier facilement au personnage et nous fait nous poser la question fatidique : que ferions-nous à la place de Ken si on devenait ce que nous craignons ? Cette grande question rappelle fortement celle du film District 9 de Neill Blomkamp qui soulevait avec son histoire la question des différences, des craintes de ce que l’on ne connaît pas et de la prise de conscience. Et c’est exactement ce que reprend Ishida dans son manga. Au début du livre, on nous montre les goules comme des monstres sanguinaires, des brutes affreuses qui se font passer pour des humains pour mieux les bouffer. Mais lorsque Ken en devient une à mi-temps, on commence à découvrir petit à petit le monde des Goules et son fonctionnement. Et on s’aperçoit bien vite que ce Nouveau Monde est quasi identique au notre, avec ses gentils d’un côté, ses méchants, et les paumés au milieu qui font du tord à toute la communauté, créant ainsi un élan de « racisme » si je puis dire envers cette espèce qui n’est pas monstrueuse, mais tout simplement différente.

En plus d’être un excellent conteur, Sui Ishida est un dessinateur hors pair. Ses dessins sont soignés, réalistes et pleins d’ambiance. L’auteur joue avec précision sur les tons avec un contraste noir-blanc qui diffère en fonction de l’état d’esprit de Ken. Lorsqu’il se veut être humain, les tons sont plus clairs tandis qu’à l’opposé, tout s’assombrit. Malheureusement, certains dessins sont trop rythmés, avec des traits maladroits qui empêchent de comprendre ce qu’il se passe réellement. L’exemple le plus flagrant c’est celui du combat de Toka avec Nishiki qui est fait d’une case, moitié de page de hauteur, avec des traits d’action qui gâche le tout. Et bien que l’on comprenne qu’elle lui met un coup de pied, on ne comprend pas où, ni si elle lui fait des dégâts ou bien lorsque Ken essaie de se retirer l’organe greffer pour ne plus être une goule.

Glénat, qui édite le manga, a fait un excellent travail qui met bien en valeur le travail de l’artiste avec une traduction de qualité et un lettrage bien visible.

16/20
Les Plus
  • Les dessins
  • L'histoire original et réaliste
  • Le côté psychologique
Les moins
  • Quelques dessins un peu brouillon
Tokyo Ghoul est un manga excellent, au style d’écriture soignée et violent sublimé par des dessins de très grande qualité le tout saupoudré de psychologie sur fond de monstre mangeur de chair humaine. Que demander de plus ?
Greg


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