Décryptage de The Magicians, saison 1, ou pourquoi vous devez absolument regarder cette série…

The Magicians, si vous ne connaissez pas, c’est sans doute la série qu’on vous a vendu comme « le Harry Potter version plus mature », et… ce n’est pas tout à fait faux !

Written by on
Temps de lecture : 15 min

The Magicians, si vous ne connaissez pas, c’est sans doute la série qu’on vous a vendu comme « le Harry Potter version plus mature », et… ce n’est pas tout à fait faux !
Attention : Risque de spoiler

Inspirée de la trilogie éponyme de Lev Grossman, The Magicians est une des nouveautés Syfy de 2016, et séduit de plus en plus de spectateurs à travers le monde. Mais qu’est-ce que cela raconte ? Eh bien c’est l’histoire d’un jeune homme un peu perdu, Quentin, qui hésite à entrer à l’université comme ses autres camarades, car il a passé sa vie à croire en la magie, et refuse de s’intégrer dans un monde qu’il trouve trop morne. En effet, il adore une série de romans suivant l’histoire d’enfants ayant trouvé un passage vers un monde enchanté, Fillory, dans lequel ils pratiquent la magie et rencontrent des créatures fantastiques. Au terme d’une dispute avec sa meilleure amie d’enfance, Julia, les deux se retrouvent plongés au cœur d’une école de magie, Brakebills, et doivent passer l’examen d’entrée. Quentin réussit, et Julia échoue. Elle est destinée à retourner dans le monde réel, et un professeur de l’école tente de lui effacer la mémoire, mais en se faisant une entaille dans le bras, elle réussit à se souvenir des évènements. Alors que Quentin démarre les cours dans une école qui parait aussi fantastique que mystérieuse, Julia décide de trouver un autre moyen d’apprendre la magie, via d’autres personnes « rejetées » de Brakebills, qui ont, comme elle, gardé en mémoire leurs pouvoirs.

Examen d'entrée à l'école de Brakebills

Dit comme cela, on a l’impression qu’il s’agit d’un savant mélange entre Narnia et Harry Potter. Mais la série a le don de mettre en scène de multiples références à d’autres œuvres que nous connaissons, tout en les interprétant à sa manière, et en déconstruisant totalement les codes classiques de ces fictions. En effet, à première vue, on retrouve des motifs littéraires (et fictionnels) assez courants : Quentin est le héros un peu perdu, qui semble être l’élu du monde magique, puisque la Bête le désigne à plusieurs reprises, et, en même temps, il possède les clés de cet univers, puisqu’il a lu et relu tous les romans de Fillory. De plus, le personnage de Jane Chatwin apparaît toujours dans ses rêves pour le guider et lui donner des conseils. Il rencontre Alice, l’élève surdouée qui a un passé un peu étrange et des parents qui ne l’ont jamais vraiment aidée à progresser. Elle maîtrise d’avance de multiples sorts et formules que les autres ne connaissent pas, et a une grande connaissance de Brakebills et de la magie en général. De son côté, Ronald Weasley est…

Alice et Eliot, The Magicians

Mais c’est là que les choses divergent totalement : Quentin est un anti-héros, et non du héros. Il est assez instable psychologiquement, il trahit sa meilleure amie d’enfance plusieurs fois (et est même totalement injuste avec elle), il semble avoir un bon potentiel magique mais n’est rien comparé à d’autres personnages (comme Penny ou Kady, par exemple), et il n’agit jamais en héros, quand la situation devient complexe. De plus, celui qui fait figure de son « compagnon » de route, Penny, n’est pas du tout appréciable, et ne l’admire en aucun cas. Il le considère plutôt comme un raté et le méprise en permanence. Aussi, loin d’être un Ronald Weasley qui a tout à apprendre de ses amis, Penny révèle des pouvoirs bien plus puissants que ceux de ses camarades, et semble être progressivement capable de les maîtriser ! De son côté, Alice est loin d’être l’élève parfaite, puisqu’elle enfreint les règlements à plusieurs reprises et veut même, à un moment, quitter l’école de son plein gré…

Penny, de The Magicians

Julia, elle, aurait dû rester loin de la magie et devenir un personnage secondaire de la série. Mais, comme pour casser de nouveaux les codes, elle choisit de continuer à pratiquer la magie dans le monde réel, cherche constamment à progresser malgré les dangers (et se met dans des situations de plus en plus délicates, avouons-le) et paraît devenir bien plus puissante que les camarades qu’elle aurait pu avoir si elle était restée à Brakebills. En effet, on la voit à plusieurs reprises exécuter des sorts complexes, entrer dans l’esprit des gens et même invoquer des énergies nouvelles, alors que Quentin et ses amis apprennent encore à enfoncer des clous dans des planches en bois (je ne doute pas que cela doit être complexe, mais tout de même…) !

Marina et Julia, dans The Magicians

Ensuite, parlons de ce monde magique. D’abord, en arrivant à Brakebills, au lieu de découvrir joyeusement les joies de ses premiers cours de magie, Quentin découvre que Fillory, le lieu enchanté qu’il a toujours rêvé d’atteindre, est un genre de monde parallèle, qui abrite de nombreux monstres mystérieux, dont une Bête, qui a pour seul but de détruire les humains et de prendre contrôle du monde. Rien de moins. Alors qu’il pense avoir invoqué l’esprit du frère d’Alice, Quentin se retrouve confronté à cet horrible homme-mite à six doigts, capable de figer le temps et de mettre à terre des sorciers aussi puissants que le doyen de Brakebills (en n’oubliant pas de lui arracher les yeux au passage, afin de nous rappeler que nous sommes très loin du conte pour enfants). Le monde merveilleux dont rêvait notre héros est donc à des lieues de la réalité qu’il connait désormais.

Kady, de The Magicians

Enfin, au fil des épisodes, on découvre que la magie n’est pas seulement un moyen d’appeler à nous des balais volants ou de soulever des objets (« ce n’est pas leviosssaaaa, Ron, mais leviooosa »), et qu’il y a bien plus de trois sorts qui devraient être interditsThe Magicians est une œuvre innovante, car elle nous montre la magie, comme on a toujours rêvé de la voir : c’est-à-dire, dans tous ses aspects et paradoxalement… dans son plus simple appareil. On en voit autant les côtés amusants, avec Eliott et Margo, qui font des cocktails magiques, invoquent des esprits malins ou partent faire la fête au milieu d’autres magiciens dévergondés, que les côtés dangereux, avec les sorts de Marina (provoquer une hémorragie cérébrale violente, plonger les gens dans une illusion perpétuelle, etc) ou même la puissance de la Bête. Mais on en découvre aussi de nouveaux aspects, puisqu’à Brakebills, les magiciens ont tous des spécialités différentes (psychiques, voyageurs, proches de la nature, physiques, etc). Aussi, on voit, à plusieurs reprises, le côté « pratique » de la magie, et notamment à travers la vie de Julia : retirer de l'argent gratuitement au distributeur, échapper à un magicien en défaisant ses liens, transformer un porteclé classique en insigne des Adderall Anonyme pour berner son petit ami, faire venir à nous un meuble entier afin d’y récupérer un dossier (à ne pas faire si le meuble appartient à Marina), « sauver » une personne paralysée en entrant dans son esprit, … En plus, The Magicians innove même dans la manière de pratiquer la magie : puisque les baguettes ont été remplacées par des mouvements de mains (ou poppers, même si je préfère l’appellation mantras) et des sorts prononcés dans une langue étrange.

Penny dans le Neitherlands, The Magicians

Mais The Magicians parvient également à renverser les codes traditionnels de la fiction, dans son essence même. En effet, lorsque Quentin, Penny, Alice et Eliot vont dans la maison de l’auteur de Fillory, Christopher Plover, ils découvrent que l’auteur était loin d’être un artiste fabuleux qui suivit, par procuration, les aventures de deux adolescents au royaume de Fillory. En réalité, l’écrivain n’hésitait pas à droguer Jane Chatwin, la première à entrer dans le monde magique, et à… abuser sexuellement de son jeune frère Martin. De plus, la sœur de Plover martyrisait les autres enfants de la maison, les droguait pour les calmer, les enfermait dans une « pièce silencieuse », et les frappait quand ils n’écoutaient pas. Encore une fois, on est loin du tableau idéal que l’on peut se faire de l’auteur. Et les jeunes magiciens découvrent, par la même occasion, que Christopher Plover n’est autre que… la Bête qui désire prendre le contrôle de Fillory et massacre sans problèmes ceux qui se mettent en travers de son chemin ! En somme, on s’attaque là directement à la figure ancestrale de l’auteur, et à l’image idéale que les lecteurs s’en font. On comprend que, derrière l’artiste merveilleux, se cache un homme comme les autres, dont les actes peuvent être hautement discutables… C’est une excellente manière de prendre à revers la littérature et la fiction dans leur essence !

Personnages principaux de The Magicians

Ce que vous devez retenir : The Magicians n’est pas une série fantastique comme les autres. Si l’histoire de base vous paraît classique, l’univers de la série renverse tous les codes de la fiction et est aussi surprenant que novateur. Cette série vous plongera dans un monde aussi déconcertant qu’attirant, où magie et mondes parallèles apparaissent comme des nouveautés, et non comme de banales répliques de notre imaginaire collectif. Attention tout de même à ne pas vous projeter trop loin en dehors de la série… et à ne pas chercher désespérément un chemin direct vers Brakebills !

Et si vous voulez plonger un peu plus profondément dans ce monde magique, voici le trailer de la saison 2, prévue pour Janvier 2017 !



 


Cet article vous a plu ? Partagez-le avec vos amis


Commentaires

comments powered by Disqus
PauseGeek.fr